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« Nous sommes les vassaux du seigneur » : des agriculteurs laitiers dénoncent la « violence » de la confrontation avec Savencia

Ce lundi 29 janvier, un tracteur barre la sortie de la laiterie Armor Protéines à Maen Roch (Ille-et-Vilaine). Un autre engin condamne l’entrée de cette usine du groupe Savencia (6,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023). Après plusieurs jours à bloquer l’autoroute voisine, les agriculteurs ont décidé de faire « le siège » de ces industriels qui « dictent leurs prix ».
Dans ce territoire laitier, tous les regards se portent sur ce bâtiment où transitent 350 millions de litres de lait par an, produits par 550 exploitants alentour. Une partie de cette matière est transformée en protéines pour des spécialistes de la nutrition ou de la cosmétique. Le reste alimente la production des produits fromagers (Caprice des dieux, Elle & Vire…) du groupe, qui revendique une santé financière « solide » avec une progression de son activité de 14 % selon son rapport semestriel 2023.
A Maen Roch, les agriculteurs veulent comprendre pourquoi cette entreprise prospère achète « seulement » 409 euros les 1 000 litres de lait. Eux qui en réclament au moins 450 euros pour « vivre dignement ». « Jusqu’en 2020, Savencia payait correctement. Aujourd’hui, on ne comprend pas ses prix d’achat qui fluctuent, d’un mois sur l’autre, sans que nous ayons notre mot à dire », témoigne Arnaud Sénéchal, éleveur de 90 vaches dans une commune limitrophe. Son voisin de barbecue reprend : « L’entreprise nous paie juste ce qu’il faut pour nous maintenir la tête hors de l’eau. Nos variables d’ajustement ? Notre rémunération et notre trésorerie. »
Les manifestants guettent la sortie de l’entreprise, où une délégation est reçue. Parmi eux, des syndicalistes de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et des Jeunes Agriculteurs (JA), mais aussi des représentants d’Ouest’Lait, l’organisation de producteurs à laquelle adhèrent les éleveurs locaux, et de Sunlait, l’association rassemblant Ouest’Lait et cinq autres structures commerçant avec Savencia. En ce début d’après-midi, les agriculteurs se préparent à une mobilisation à « durée indéterminée », convaincus que la colère du moment plaide en leur faveur.
D’autant que le premier ministre a menacé, vendredi 26 janvier, de sanctionner trois industriels − sans préciser lesquels − ne respectant pas la loi EGalim. Les manifestants sont convaincus que Savencia fait partie de la liste. « Aujourd’hui, on espère tous que la loi EGalim se mette vraiment en place pour que l’on puisse vivre de notre travail. Des sanctions pourraient permettre un changement de paradigme et débuter une nouvelle ère dans notre relation avec les industriels », plaide Denis Berranger, éleveur à Noyal-sous-Bazouges et vice-président de Sunlait.
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